Même si la marchandise c’était déjà l’Internaute…

… une page du Net est sur le point de se tourner…

Désolée par avance au Nouvel Obs que j’ai screenshoté sans scrupule, ainsi qu’à Monsieur Thierry Noisette, l’auteur de l’article en question, mais l’affaire est importante et ne peut souffrir d’un classement vertical dès la prochaine c*****ie de M. Trump.

Je fais là simplement un “backup”  pour ma pomme et ajoute, comme preuve de ma bonne foi, les références de l’article en question:
Fin de la neutralité du Net : “La marchandise, c’est l’internaute”

Désolée aussi aux différents graphistes dont l’œuvre est peut-être présente dans mon image à la Une: j’ai également scrennshoté la page Qwant image de la requête: “neutralité du net“; histoire que l’information “rentre”.

Du redoublement

Aujourd’hui, je révise la conjugaison du verbe “prendre” , verbe irrégulier du 3ème groupe, au présent:

Je prends
Tu prends
Il/elle/on prend
Nous prenons —– —–prend un n
Vous prenez————-prend un n
Ils/elles prennent——-prend deux n

Tiens, si on se penchait sur cette histoire de “n” ?

Le redoublement des lettres en plusieurs mots de la Langue, se fait uniquement des consonnes, et peut se rapporter à deux causes; l’une prise du latin, d’où ses mots là nous viennent; l’autre tirée du fond même notre Langue. Car quant au redoublement qui s’est fait autrefois des voyelles a, e  et o, dans les mot d’aage, agreement et roole, l’usage est aujourd’hui est tellement aboli , qu’il n’en est plus question maintenant.

Mais avant de venir aux exemples du redoublement de chaque consonne, il ne sera pas peut-être hors de propos de toucher ici quelque chose en général, du redoublement des consonnes dans les mots, où non seulement ce redoublement n’est point pris du latin, mais où il le fait quelquefois contre l’orthographe des mots latins, d’où les mots français dérivent. Il le fait principalement des lettres l, m, n, p et t après a, e et o; mais il suffira de parler ici des lettres l, m et n après e et o pour donner quelque idée de la cause de ce redoublement dans les mots où la prononciation toute seule n’en avertit pas:  car pour ceux où elle le fait sentir, ce n’est pas de quoi il est ici question, non plus que de ceux de notre Langue n’a fait que suivre l’exemple de la Langue Latine.

Il y a deux choses à considérer dans le redoublement des consonnes; le lieu où il se fait et l’effet qu’il produit. Le lieu où il se fait, c’est d’ordinaire immédiatement après la voyelle sur laquelle est le siège de l’accent: mais comme notre langue n’a proprement d’accent que sur la dernière syllabe, dans les mots dont la terminaison est masculine et sur la pénultième dans ceux dont la terminaison est féminine; et que les dernières syllabes ne sont pas susceptibles du redoublement de consonnes, ce redoublement, à le régler par le siège de l’accent, n’appartient proprement qu’aux pénultièmes syllabes des mots qui ont une terminaison féminine.

Ainsi chapelle, chandelle, fidelle*, folle, colle, molle, femme, homme, somme, bonne, donne, sonne et patronne, qui ont l’accent sur la pénultième, s’écrivent par deux l, deux m et deux n: que si cet accent passe de la pénultième sur la dernière; alors en quelques mots dérivés des précédents, comme dans Chapelain, chandelier, fidélité, féminin, homicide, bonace, donateur, consonance, patronage, il se fait plus de redoublement de consonne; et l’usage est en cela entièrement fondé sur la raison et sur la règle. Mais en d’autres mots de même ou de pareille dérivation comme fidellement*, nouvellement, follement, donner, sonner, tonner, le redoublement qui ne devrait se faire qu’après la voyelle du siège de l’accent se fait devant: et l’Usage en cela, comme en beaucoup d’autre choses, s’est mis au dessus des règles, qu’il observe pourtant dans la conjugaison des verbes. Car on écrit, ils prennent, ils tiennent, ils viennent, par deux n, parce que le siège de l’accent est sur l’e de la pénultième syllabe; et l’on écrit par une n seule, nous prenons, nous tenons, nous venons, vous prenez, vous tenez, vous venez; parce que l’accent qui était sur la pénultième, est passé sur la dernière.

Traité de la grammaire françoise – Henri Desbordes, 1707 – P 103 & 104.

Je ne sais pas si c’est plus clair pour vous…

Ce que je sais en revanche c’est que le livre scanné est disponible dans son ensemble gratuitement et qu’il promet de répondre à de multiples questions concernant le parcours de la Langue française. Je le garde au chaud. J’aime l’idée que le passé réponde aux questions du présent… Qui sait ce que l’avenir nous réserve ?


* de nos jours: fidèle et fidèlement

Pouce ! La suite – part. 2 –

Donc, si on traduit littéralement verso et police, on obtient:

pollice > pollex: le pouce
verso: retrourné

Mais  nulle part, ni chez Juvénal, ni chez Horace (note1) , ni chez Prudence (note 2), il est expliqué vers quoi était retourné ce pouce (terre ou spectateur).

Et pourtant les traducteurs semblent unanimes.

D’où tirent-ils donc cette info ?

Peut-être de  l’Encyclopédie, ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, par une Société des gens de lettres. Mis en ordre & publié par M. Diderot; & quant a la partie mathématique, par M. D’Alembert. Volume 16  – 177X. Dans lequel on trouve un article très conséquent sur les gladiateurs et évidemment un passage qui nous concerne:

Dans le cours ordinaire des choses, c’était le peuple qui décidait de la vie et de la mort du gladiateur blessé: s’il s’était conduit avec adresse et courage, sa grâce lui était presque toujours accordée; mais s’il s’était comporté lâchement dans le combat, son arrêt de mort était rarement douteux. Le peuple ne faisait que montrer la main avec le pouce plié sous les doigts, pour indiquer qu’il sauvait la vie du gladiateur; et pour porter son arrêt de mort, il lui suffisait de montrer le main avec le pouce levé et dirigé vers le malheureux(…)

On peut même remonter jusqu’en 1688 avec le traité de statues de François Lemée:

Le geste donc et cela de plus que la parole, qu’il s’entend de tout le monde, parce qu’il représente naturellement les choses et les actions, alors que la parole ne signifie que ce qu’il a plu aux hommes de lui faire signifier. Quoi qu’il consiste en quelque façon dans la contenance et le maintien du corps dans le mouvement de la tête et des yeux, dans la mesure de bien tenir ses pieds; toutefois il concerne encore plus particulièrement celle de bien régler les bras et les mains, ce que nous appelons Chironomie, et l’on ne pouvait donner aux statues de geste plus estimé que celui est est nommé l’Habitude Paisible. Avec ce geste elles penchaient un peu la tête sur l’épaule droite, portaient les bras vers l’oreille, et étendaient la main dressant le pouce par manière de menace, à peu près de même que le peuple le tournait en faisant signe de l’amphithéâtre à un Gladiateur de tuer son Adversaire terrassé.

J’aurai voulu trouver cette fameuse pose de l’Habitude Paisible, mais nada sur la toile…

Ainsi  s’achèvent ma modique enquête. Il reste 15 siècles à combler pour remonter jusqu’au verso pollice et je n’ai ni la qualité  d’historien, ni celle de latiniste.

Et comme il semble que cette question soit une réelle question de débat, je vous renvois au Wikipédia qui en parle aussi dans son article sur les gladiateur sous le titre “Idées reçues“…:

Malgré tout une chose semble certaine, à l’époque, voir un pouce dans une arène n’était pas bon signe.