Vous connaissez surement le principe qui veut que le “ê” remplace souvent un ancien “s” , mais que l’on retrouve celui-ce “s” dans d’autres mots de la même famille :
- Fête =>feste => festoyer
- Fenêtre => fenestre =>defenestrer
- Forêt => forest =>forestier
- Hôpital => ospital =>hospitalier
(ce qui peut être un bon moyen mnémotechnique pour se souvenir s’il faut un ê )
J’en étais à expliquer cela quand on m’a posé cette colle:
“et pour “tête” ? T’as un mot de la même famille ?”
Ah !
Ça ne vient pas tout seul là… un peu d’étymologie s’est imposé.
“Tête” se disait” teste” en ancien français. Un peu “prise de tête” à lire mais facile à trouver:
Par contre, pas de mot de la même famille en vue.
Du coup, je me suis dis qu’il y avait forcément quelque chose de latin la dessous, et j’ai demandé au grand-dictionnaire-latin.com (olivetti) dans le dico français=>latin, mais ça n’a pas aidé:
Alors, avant de “perdre la tête”, je me suis adressée au wiktionnaire, et là, enfin, un début de réponse:
” Du latin testa (« pot en terre cuite, brique, tuile »), et par extension tout objet en terre cuite d’où « cruche », « amphore », « pot », « coupe » puis « crâne ».
Le mot a sans doute été employé dans la langue populaire au départ, comme on dirait aujourd’hui « il n’en a pas lourd dans la marmite », et finit par totalement remplacer le classique caput qui a donné « chef » et dont le sens originel ne se retrouve plus guère que dans « couvre-chef ».”
Je me suis bien évidemment empressée de vérifier cela chez Olivetti dans le dico latin => français:
(bizarre: en n°5 on a “ANATOMIE: crâne, tête”; pourquoi ça n’apparaît pas dans le dictionnaire français=>latin alors ?)
Et puis je suis tombée sur ce site:
Le mot latin testa, littéralement « objet en terre cuite ; pot, vase ; brique, tuile » d’où « coquille, carapace (des crustacés) », a pris à basse époque le sens de « crâne » d’où le sens de « tête ». Le nom têt (écrit aussi test) vient du latin testum, variante de testu « couvercle d’argile, vase d’argile », d’où les sens de « tesson, crâne ».
Le mot test (tester) est emprunté à l’anglais qui est issu de l’ancien français test « pot » (comme ci-dessus), le mot anglais désignant une coupelle de métallurgiste servant à isoler les métaux précieux, d’où son emploi pour désigner ce qui permet de déterminer la qualité ou la pureté de quelque chose, puis ce qui permet de mettre la foi de quelqu’un à l’épreuve et en particulier le serment introduit en 1673.
On pourrait donc presque écrire: Tête => teste => test
Moi, ça me plait.
Et je comprend enfin pourquoi “on a du pot” . C’est pas de la chance en fait. Avoir du pot c’est avoir quelque chose dans le “bocal” !