C’est quand je me suis demandée s’il fallait que j’écrive, lors de la création d’un formulaire, “Nombre de poste” ou “Nombre de postes” que j’ai découvert la syllepse; même si, après réflexion je n’attribue pas à celle-ci la solution à cette question.
En effet, puisque le mot “nombre” implique un résultat de 0 à n par définition, aucune des orthographes n’était juste selon moi, et c’est tout naturellement que j’ai fini par écrire: “Nombre de poste(s)”.
Malgré tout et pour en arriver à cette conclusion, je me suis aventurée sur la page du Wikipédia concernant l’objet… et je n’ai pas été déçue…
“La syllepse, du grec ancien σύλληψις, súllêpsis, littéralement « action de prendre ensemble, d’embrasser, de comprendre », est une figure de style par laquelle le discours répond à notre pensée plutôt qu’aux règles grammaticales. Elle est parfois fautive, parfois acceptée et lexicalisée. La syllepse est aussi un trope qui associe le sens concret, propre d’un mot et son sens figuré. Elle a ses origines dans l’esprit synthétique du langage, dans son dynamisme naturel à établir des rapports instantanés entre des idées.”
Arrivée là j’ai croisée les doigts, pour la suite…suite que j’aurais préféré ne pas recopier mais le texte est tellement parlant que je voulais le partager de façon claire:
“Syllepse stylistique
La syllepse dite « oratoire » est une figure de style, un trope, qui associe, en une seule et unique fois, le sens propre (ou primitif) et le sens figuré (ou étendu) d’un mot. On rencontre parfois dans des textes modernes plus de deux sens. Cependant, la structure en est souvent complexe, avec des sens superposés qui rendent aléatoire leur interprétation. La figure, à l’origine microstructurale, devient vite dépendante de la lecture personnelle.
Dans la phrase « Je punis un fils autant que je le chéris, car je suis un père », la syllepse est proche de la diaphore (laquelle doit répéter le même mot) et joue sur les deux sens de « père » : le sens propre, le père parent ; et le sens étendu, l’affection paternelle. Ici, à la différence de l’antanaclase, qui joue sur deux fois le même terme, le mot « père » conserve le même sens de base et non une seconde acception.
La syllepse qui couple, en quelque sorte, une chose concrète et une chose abstraite s’apparente à l’hendiadyn. Ainsi, dans le vers : « Penché sur l’onde et sur l’immensité », Victor Hugo, volontiers métaphysique, n’a sans doute pas restreint l’idée d’immensité à celle de l’onde.”
Est ce que c’est un syllepse stylistique si je dis qu’il semble que la personne qui a écrit ça prend son pied alors que moi ça me prend la tête ? Non, ça pourrait éventuellement se rapprocher d’une diaphore (« Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point. »(Pascal, Pensées)), parce qu’il y a répétition de “prend”. Par contre si je dis “c’est un grand malade et moi je vais pas tarder à l’être”, je pense que je suis pas loin.
Évidemment, tout cela n’est que pure fiction, je ne suis pas malade, et la personne n’est pas folle, juste extrêmement pointue sur le sujet; et j’avais besoin d’un exemple “bang” pour la démo.
Toujours est-il que “trope”, “structure microstructurale”, “diaphore”, “antanaclase”, “hendiadyn” … ce ne sont pas des mots que l’on voit tous les jours. Heureusement, le paragraphe passe vite pour en arriver aux “Syllepses grammaticales” celles qui m’intéressaient à l’origine.
“Selon Émile Littré, la syllepse est une figure de grammaire qui accorde des mots non d’après les règles grammaticales mais d’après une vue particulière de l’esprit. Elle est dite syllepse « grammaticale » car elle concerne le genre, le nombre et, pour le latin, le cas.”
Mais je ne vais pas m’amuser ici refaire ce qui est bien fait ailleurs et je vais donc vous laisser prendre connaissance de cette partie tout seul directement sur l’article du Wikipédia.
Par contre ce que je peux faire c’est vous recommander de passer aussi sur la page du site de la Banque de dépannage linguistique de l’Office québécois de la langue française à propos de l’accord du verbe avec un sujet qui est un nom collectif. Il y est traité des cas suivants:
- Ensemble,
- Genre de, espèce de,
- Groupe, foule, troupe,
- La majorité, la minorité
- La plupart
- Nombre de
- Une infinité de, trop de, combien de, la majeure partie de
La lecture de ce billet m’a pris dix minutes et la tête, mais j’ai aussi pris mon pied et conscience de l’intérêt de la chose.